[BG] Ghlib et Grön (Liam et Jason Mac-Lane)

Le Roc et l'Eveillé n'avaient réellement rien de semblable et personne n'aurait pu soupçoner leur liens, liens qu'il s'étaient jusqu'ici évertué à cacher, pourtant, l'heure était aux révélations.

Tout celà à cause d'une rencontre fortuite dans le désert ...

L'homme était brun, le teint mat et de taille moyenne, abaissant la capuche de sa cape beige, il dévoilà un visage déformé, boursoufflé et couturé de cicatrices.

Il toisa les deux mutants un instant qui sembla interminable, seul son visage était découvert et ses bras, pendant le long de son corps étaient dissimulés sous son manteau.

La tension montait, Grön rangea son Taser, l'étranger était visiblement hostile, mais, sûr de lui, il préférait prendre son temps et lui faire mordre la poussière à mains nues.

Ghlib, plus calme, restait en retrait, la main à portée de son arsenal.
Ignorant tout de cet homme étrange qui affichait une telle confiance ou peut-être une telle inconscience, il préférait rester sur ses gardes.
Des complices pouvaient être dissimulés ou l'homme être encore plus dangereux qu'il ne le paraissait.

L'homme au visage difforme pris la parole :

- Je vous ai enfin retrouvés, enfants de putain !
Savez-vous seulement depuis combien de temps je vous traque ?

Les mutans échangèrent un regard interrogateur, un voile d'inquiétude passant sur les traits de Ghlib alors que Grön bandait ses muscles, prêt à bondir comme un fauve dont on aurait ouvert la cage.

- Ghlib : Qui es-tu ? De quoi parles-tu ?

- Tu veux savoir qui je suis ?
Ce serait un peu facile comme dénouement, j'ai mérité de prendre mon temps, ça fait si longtemps ... si longtemps que j'espère ce moment ...

- Ghlib : Cesse de jouer avec mes nerfs, la patience n'est pas l'une de mes vertus, pour peu que j'en ai quelques unes.
Parle, va-t-en ou meurs mais choisis vite ou ce choix ne t'appartiendra plus ...

- Je te reconnais bien là, Liam Mac-Lane.

L'évocation de ce nom eut l'effet escompté, les muscles de Grön se raidirent.
Ghlib, étonnament, resta cette fois imperturbable, peut-être s'attendait-il à ce que son passé refasse surface à l'apparition de ce monstre qui ne pouvait qu'en surgir ou peut-être que ce nom avait réveillé des instincts enfouis au plus profond de son être.
Ses pupilles rétrécirent alors que ses yeux balayaient son champ de vision repérant quelques formes indistinctes ça et là ...

- Vous ne dites rien, fils de hyènes ? Avez-vous oublié ce nom, votre nom ?

L'homme se détendit brusquement.

- Non, vous souvenez, vous sou-ve-nez, dit-il en appuyant chaque syllabe.
Vous avez essayé d'oublier mais c'est impossible, n'est-ce pas ?
Entendez vous encore les hurlements de souffrance qui furent les miens lors de notre dernière rencontre ?
Je ressens encore la douleur dans ma chair, elle ne s'est jamais estompée ...
Je ne suis plus que l'ombre de ce que j'étais jadis et j'ai juré de me venger de mes bourreaux.

Les formes indistinctes se rapprochaient lentement, à la limite du champ de vision de l'éveillé, au fûr et à mesure du discours de l'être sans-visage, ils se rapprochaient inexorablement.

Ghlib, prudent, tenta de limiter au maximum ses facultés télépathiques lorsqu'il prit contct avec Grön, cet exercice qu'il réalisait depuis l'enfance était devenu une routine, mais aujourd'hui, sa vie, leur vie, étaient en jeu.
Marchant sur des oeufs, Ghlib arrivait presque à ressentir, palper les ondes cérébrales de son frère, oui, son frère ...

- Ghlib : Grön, tu les as repérés ?
- Grön : Oui. Je me charge des deux qui s'approchent derrière moi mais laisse les venir et n'agit pas avant qu'ils ne m'attaquent.
- Ghlib : Bien, je m'occupe des autres ...
Grön ?
- Grön : Oui ?
- Ghlib : Je ne regrette rien mon frère.

Grön s'abstint de répondre, il se souvenait lui aussi de leur enfance dans les bas fonds de la cité oubliée de shadizar, de leur souffrance, de leur prise de conscience, de leur serment, de leurs décisions ...
Tout ce qui les avait mené jusqu'ici, tous ces souvenirs que les deux frères avaient refoulés et les avait poussé à changer de nom et se faire passer pour d'autres ...

Ghlib se souvenait lui aussi, c'est lui aui avait eu l'idée de faire passer Grön pour un demeuré, lui, le frère aîné qui avait toujours eu un esprit si affuté, méjugé par son apparence de brute épaisse.
Celà lui avait paru comme le camouflage parfait pour fuir leur passé mais celà avait finalement été inutile et ce passé les avait rattrappés.

L'homme au visage mutilé rompit le silence à nouveau :

- J'hurle encore toutes les nuits en rêvant de ce que vous m'avez fait subir et les traces sur ma chair ne sont rien, rien en comparaison de ce que vous avez fait à ma famille décimée.

Ne soyez pas trop impatients d'en découdre, j'ai changé, vous verrez et surtout, j'ai mérité de pouvoir savourer ce moment.

Ghlib songea à son enfance dans les rues impitoyables de l'ancienne Shadizar, aujourd'hui désertée, en ruines, à la désillusion d'un enfant qui n'avait eu aucune chance dès le départ et à qui on avait tout pris.

Par chance, il avait son frère, si fort, si rassurant, si brillant ... Mais il lui manquait quelque chose, la méfiance, la dissimulation, la sournoiserie, le mensonge, le vice et la brutalité ...

Il en apprit quelques unes par la force des choses mais Ghlib en détenait l'essentiel et c'est ce qui avait fait de lui le leader, il ne croyait plus en l'avenir mais une seule chose comptait, la survie ... Seuls les forts survivent, les faibles sont écrasés et il ne devait plus jamais faire partie des faibles.

A eux deux, ils avaient forgé leur [g]famille[/g] et peu à peu, ils avaient imposé leur loi reproduisant ce qu'ils avaient subi des années qui semblaient des siècles auparavant.

Jusqu'à ce jour où leurs destins avaient croisés celui de John Mac-Cabe et de son clan.
Ils avaient du faire un exemple mais la gueguerre avait fait tâche d'huile et toute la ville s'était embrasée, ils avaient du en finir une fois pour toutes afin de ne pas laisser d'ennemis derrière eux et avaient décimé le clan Mac-Cabe, provocant la fin de leur propre clan.
Ghlib n'était pas fier de tout ce qu'il avait fait ce jour là, aux femmes comme aux enfants particulièrement, mais il ne pouvait pas laisser de survivants et il n'y en avait eu aucun ... Ou plutôt, il y en avait eu un, un seul ...

Lentement, les formes indistinctes avaient pris forme humaine en se rapprochant.
Les deux mutants ne bronchaient pas, Grön toujours ramassé sur lui même comme prêt à bondir vers celui qui avait été John Mac-Cabe (l'homme au visage défiguré).

En réalité, il donnait le change laissant ses aggresseurs approcher, il avait l'habitude d'être sous-estimé, on se méfie des poings d'un roc de sa stature mais jamais de sa sagacité ou de ses perceptions, il en avait souvent tiré avantage et celà pourrait encore une fois leur sauver la vie, à lui comme à son frère.

- Ghlib : Tu n'es pas le maître de ton destin John, tu es prisonnier de ton passé nous n'en sommes pas plus responsables que toi.
Va-t-en, tu le peux encore ...

La voix de l'éveillé s'éteignit, il ne croyait guère à ces mots, lui et son frère étaient responsables, ils étaient tous responsables, le clan Mac-Cabe comme lui et ceux de son clan, d'ailleurs, la monstruosité qui se dressait devant lui n'avait plus rien d'humain, il n'était pas un mutant non plus, seulement un monstre ivre de rage, un monstre qu'ils avaient tous créé, lui, Grön, les Mac-Cabe, Shadizar la brûlée ...

Il est trop tard pour moi Liam, ou trop tôt ...
Peut-être méditerais-je sur ces mots lorsque tu seras mort ou peut-être mourrais-je avec toi ...

Deux hommes surgirent dans le dos de Grön qui réagit instantanément envoyant une manchette dans la carotide du premier.
La puissance du coup lui brisa l'échine et un bruit d'os brisé accompagna la chute du corps flasque et sans vie.
Sa mort fut brêve, songea John Mac-Lane (Grön), c'est une belle mort.
D'autres vont l'envier ce soir ...

Le second, profitant d'un instant d'inatention et de son élan, lança son couteau en avant, visant l'aine du roc.
La lame se brisa alors qu'elle aurait du percer les chairs, se brisant sur la peau durcié du roc devenue aussi résistant qu'un mur de pierre.
La surprise de l'homme fut toutefois de courte durée et s'éteint au moment ou un coude puissant s'abbatit sur lui à la naissance du cou.
Son expression hébétée se figea dans la mort en un rictus d'effroi ...

Trois autres hommes avaient surgi à la gauche de celui qui n'en étais plus un.
Une détonation retentit et une balle siffla à l'oreille de Liam (Ghlib), tenant déjà son uzi à deux mains.
Rugissant, la machine de mort cracha une salve en direction des trois agresseurs, puis une seconde ...

Le premier n'eut pas le temps de se rendre compte de sa fin, la cervelle lui dégoulinant sur le torse par un trou béant lorsqu'il chut sur le sable brulant.

Le second fut quasiment décapité par la seconde salve, sa tête pendant par un lambeau de chair chutant à ses côtés lorsqu'il rejoignit ses infortunés compagnons ...

Le troisième, miraculeusement épargné, vida des intestins dans ses braies et s'affala sur le sable en sanglotant, la tête entre les bras.

Quelques secondes à peine s'étaient écoulées depuis les derniers mots échangés mais déjà, le monstre au visage boursouflé et couturé de cicatrices, celui qui avait été John Mac-Cabe brandissait un magnum, le bras tendu vers son ancien bourreau.

Un bruit sourd brisa à nouveau le silence du désert, puis plus rien que le vent soufflant dans la végétation éparse et faisant son office, déplaçant les dunes de sable grain par grain.
L'arme de l'éveillé tomba presque en silence à ses pieds au moment où ses genoux rencontraient le sol, le sang coulait de son bras gauche pendouillant mollement comme un inutile appendice ...

[g]Liam Mac-Lane[/g] alias Ghlib s'effondra derrière un arbrisseau décharné surplombant une dunette, hors de la vue de son agresseur.

Le roc hurla de rage alors que le monstre difforme laissait s'échapper un gargouillis d'extase venant du plus profond de son être.
D'un seul mouvement, Jason Mac-Lane alias Grön enfourcha sa moto et la démarra en cabrant, fonçant droit vers la créature surgie de son passé.
Le bras de John Mac-Cabe se raidit à nouveau, en direction du roc cette fois-ci et l'arme cracha sa semance de mort en direction de l'entité homme-machine qui n'était plus qu'à une cinquantaine de mètres de lui.

Le corps du roc fut propulsé en arrière lors de l'impact et seule sa carapace naturelle lui sauva la vie.
Il s'effondra lourdement sur ce qui aurait pu être son lit de mort, la poitrine en marmelade alors que la moto continuait de filer tout droit ne déviant jamais de sa trajectoire.

La machine aurait du dévier de sa trajectoire ou l'accélérateur se débloquer, mais tel n'en fut pas le cas, elle continua sa route vers sa cible, comme douée d'une âme propre, comme si la machine, en symbiose avec son maître, courrait vers une folle vengeance.

Un bruit de succion acheva la course de la moto qui avait encore accéléré dans sa folle cavalcade.
Hébété, les yeux dans le vague, John Mac-Cabe murmurait :

Non ... vous deviez mourrir, assassins, monstres, chiens de l'enfer !
Comment est-ce possible ?
J'ai touché dieu, je lui ai parlé et il me l'a dit, je suis l'instrument de sa divine vengeance !
Ces bons à rien de mercenaires n'étaient là que pour distraire l'attention de ces bêtes assoiffées de sang du clan Mac-Lane, ils ne pouvaient pas m'échapper ... je devais leur assener moi même le coup de grâce ... et alors ... libéré ... vengé ... la justice ... les anges du paradis ... prenez-moi, emmenez moi créatures célestes ...

La créature qui fut un homme s'éteignit dans une confusion d'idées, elle avait perdu l'esprit il y a bien longtemps, ou peut être pas, qui peut le dire ?

Quelque incident avait-il suffit à enrayer la justice divine ou un simple d'esprit n'avait-il simplement pas eu de chance, un grain de sable bloquant son engrenage mortel ?

Le Roc mis quelques jours à récupérer de sa terrible blessure et il demanda enfin à son frère par quel prodige ...

- Ghlib : Serais-tu devenu stupide mon frère ?
Tu sais que depuis quelques temps, je développe mes dons télékinétiques ...

L'histoire touchait à sa fin, ou peut-être pas mais les deux derniers membres du clan Mac-Lane décidèrent qu'il ne sertait plus à rien de fuir leur passé.

Shadizar la brûlée gisait par là bas, à l'autre bout du désert et il n'était pas question d'y retourner, mais ils étaient encore maîtres de leur destin et ils pouvaient reprendre ce qu'ils avaient commencé.

Ils étaient plsu riches qu'avant aujourd'hui, non pas qu'ils croulent sous les MUs, non, seulement, ils avaient à réappri la compassion, enfin, dans une certaine mesure.

Ils pouvaient créer un clan de toute pièce, non pas pour nourrir leur haine qui s'était éteinte mais pour canaliser celle de leurs semblables.

Ils pouvaient aider les plsu démunis et les faibles afin qu'ils ne vivent pas la même histoire qu'eux tout en faisant du profit et en étendant leur influence sur le désert.

Des objectifs contradictoire ?
Peut-être, peut-être pas ...

La Cour des Miracles était née et Shadizar la jeune, la débauchée allait voir le jour très prochainement si elle n'attendait pas déjà dans un lointain recoin du désert ...