[BG] Algirdas et Wolf

Comme Serena, je reprends pour l'instant ce que j'ai déjà écrit ailleurs.

Ici, la description in-game de mes deux personnages, et en réponse le poste d'origine de l'Oasis, qui était sensé être le début de ma description, justement, avant que l'intervention de Siegfrid ne m'ait donné envie d'en faire autre chose.

Je complèterai par la suite.


Description d'Algirdas :

Citation :

Algirdas est un jeune adulte de grande taille, doté d'un physique sec et vigoureux. Il ne semble pas doté d'une grande force physique, mais on devine à son attitude de félin perpétuellement prêt à bondir, qu'il serait dangereux de sous-estimer ses capacités au combat.

Vêtu d'un pantalon de daim, d'une ample chemise blanche et d'un long manteau de cuir rapé, sorte de cache poussière brunâtre sous lequel il dissimule son arme, il affiche une attitude revêche propre à dissuader le bon bourgeois de lui chercher des crosses ou même de lui demander l'heure.

"Y'a des jours, faut pas m'chercher. Et y'a des jours tous les jours."

Description de Wolf :

Citation :

Il est des falaises de granit constituées,
Que jamais piolet ne saurait égratigner.
De même existent des êtres ainsi bâtis,
Que leur apparence fait trembler l'ennemi.

Wolf est de ceux-ci. Roc dans toutes ses fibres, il est tout aussi solide et musculeux qu'il est stupide et entêté.

Ce cauchemar vivant ne connaît que sa mission, que le vieux maître lui a confiée avant de mourir, et rien ne saurait l'en détourner: protéger le jeune maître.

Pour la mémoire du vieux maître.

"Mouarfff !..."

Le père était quand-même un drôle de bonhomme !...

C'était un buveur invétéré, un fêtard infatigable, mais solide comme un roc !... Je le reverrai toujours, maigre comme un passe-lacet, noir de crasse de s'être trop traîné au sol pour rentrer à la maison, s'endormant debout dans l'entrée tant il était incapable de retrouver le chemin de son lit !...

Il ne sortait que la nuit, pour aller jouer les éponges avec ses potes. De toute façon, j'aurais été inquiet si je l'avais su dehors en plein jour, sous le soleil. C'est qu'à l'âge qu'il avait, on ne bronze plus : on sèche !

Soyons juste, je n'ai jamais trop su quel âge il avait quand il a passé l'arme à gauche. Ce qui est sûr, c'est que ce n'est pas la vieillesse qui l'a tué. Non, on peut dire que c'est l'alcool qui l'a eu. Ce vieux fou a refusé de vider une pinte à la santé de je ne sais quelle gloire locale, et il s'est fait lyncher par de jeunes types qui ont joué à la balle avec sa tête...

Ses copains me l'ont ramené dans un état !... Wolf, notre serviteur, était comme fou... C'est qu'il l'aimait, son vieux maître ! Il est sorti, furieux, lui d'ordinaire si doux. Je ne l'ai revu qu'au petit matin. Je ne lui ai rien demandé, il ne m'a rien dit, et la nuit a amené son lot habituel d'éviscérations, mais je suppose qu'il a participé activement à ces réjouissances. J'en connais qui ont dû passer un sacré mauvais moment !...

Même la rate éclatée, les os broyés et la cervelle à l'air libre, il était encore solide, le paternel ! Il lui a fallu 15 longues journées pour se décider à partir ! Le guérisseur n'en croyait pas ses yeux. J'ai bien cru qu'il allait s'en tirer !

Mais non... Par la barbe du prophète ! Il souffrait, mais il tenait fermement la rampe, comme si sa vie en dépendait ! Euh... Oui, en fait, sa vie en dépendait... Mais chaque jour, il déclinait un peu plus, même si je me refusais à le voir. A la fin, il puait que c'en était presqu'irrespirable !...

Quelques heures avant de passer l'arme à gauche, il s'est enfermé seul avec Wolf. Je n'ai jamais su ce qu'ils se sont dit. Ce n'était pourtant pas faute d'avoir écouté ! Mais bast ! Ils parlaient bas...

Le vieux avait ramené Wolf de retour d'une de ses virées dans le désert... Il en a fait de nombreuses. Il partait une semaine, un mois... Il revenait les bras chargés de cadeaux et de richesses, de quoi faire la nouba pendant des mois avant de repartir... Un jour, il est revenu avec Wolf.

Je ne saurai sans doute jamais ce qui s'est passé entre eux. En tout cas, ils étaient comme cul et chemise, tous les deux, et cette amitié qu'ils se portaient mutuellement et dont j'étais exclu ne s'est jamais démentie...

Je n'ai donc pas su ce qu'ils se sont dit. Mais depuis la mort de l'ancêtre, Wolf ne me lâche plus d'une semelle. Il me suit partout comme un petit toutou, prêt à sauter à la gorge de quiconque m'agresserait. Sa protection m'étouffe, mais je n'y peux rien. Si j'ai bien compris, le vieux maître (pour reprendre l'expression de Wolf) lui a demandé de protéger le jeune (moi, donc). Et il prend ce rôle très au sérieux.

Barf !... Il m'étouffe, mais je l'aime bien, en réalité. Il est lourd, il est peu évolué, il est têtu et assez stupide, mais il est mon pote. Et je le protège au moins autant qu'il me protège moi-même. Peut-être que c'est ce que voulait le père, d'ailleurs. Mais il n'a jamais su me parler.

Il a pourtant su parler à Wolf...

De toute façon, il est trop tard pour que je le comprenne, maintenant, ce vieux fou...

Assis sur un coffre de voyage, les coudes posés sur les genoux, le dos rond, Algirdas contemple distraitement la chopine de bière qu'il tient au creux des mains.

Sa tente est spartiate, mais équipée de tout ce dont peut avoir besoin un commandant militaire en campagne. La table est couverte de cartes, de stylets, de règles... Dans un coin, une cage recouverte d'un drap renferme un couple de vautours voyageurs. Le ratelier d'armes est complets, les armes astiquées comme si elles devaient être amenées à la parade.

Wolf, l'éternel Wolf, observateur attentif et discret des actions du jeune maître, aide de camp patient et inconditionnel du commandant, et surtout ami fidèle et attentionné de l'aventurier, est assis au sol à ses côtés et l'observe, prêt à lui apporter la réplique s'il en sent la nécessité.

Mais pour l'heure, Algirdas soliloque et n'attend pas de réponses. Le moment semble être venu pour lui de se laisser aller à la mélancolie. Ce ne sont pas les moments que Wolf préfère. L'introspective est un exercice qu'il ne pratique pas, qu'il ne comprend d'ailleurs pas non plus. Pour lui ne comptent que le présent et l'avenir. Le reste n'est que perte de temps et billevesée.

- Ah ! Mon bon Wolf... Tu as connu le père, toi. Je soupçonne même que tu l'as connu mieux que moi, bien que tu refuses d'en parler. Je suis sûr qu'il y a des pans entiers de ce vieux bonhomme qu'il ne m'a jamais dévoilés, mais que tu connais très bien. De ses activités dans le désert, par exemple, je ne sais rien. Ce n'est pas ton cas, toi qui a débarqué un jour avec lui à son retour de l'un de ses séjours prolongés dans les dunes profondes...
- Mouarf !
- Tu le sais, j'ai grandi seul. J'avais quelqu'un à la maison, bien-sûr, quelqu'un que j'aimais, mais ce n'était qu'un fantôme. Un spectre que l'excès de boissons et l'abus de mauvaises fumées avait tellement abîmé qu'on se demandait comment il trouvait encore la force de rejoindre son bouge préféré chaque soir. Je n'ai pas connu la mère, mais je me suis toujours demandé si c'était sa disparition qui avait fait du père ce qu'il était devenu...
- Mouarf !
- Ouaip ! J'ai grandi seul, comme j'ai pu. Rapines et expédients, manche et agressions... Puis il y a eu la bande, l'épreuve d'admission, le chef qui tombe sous les coups des Anges, une bande rivale, moi qui le remplace, les jaloux qu'il me faut éliminer, les actions de vengeance, la milice qui s'en mèle... Puis le père qui nous revient à moitié mort, et toi qui laisse libre court à ton chagrin et à ta colère... Le taudis que nous servait de maison, auquel je mets le feu avant de partir...
- Mouarf !
- Ah ! Mon bon Wolf ! Si tu savais combien tes commentaires toujours pertinents me font du bien !... Enfin !... Je me demande ce qu'il dirait, ce vieux fou, s'il me voyait aujourd'hui au cours d'une de ses courtes périodes de lucidité. L'ancien voyou devenu chef d'armée à Vangrim !... Serait-il étonné ? Fier ? Déçu ? Indifférent ?

Il porte la chopine à ses lèvres et la vide d'un trait. Wolf la lui remplit de nouveau pendant qu'il continue :
- Moi, en tout cas, je me demande bien comment je suis arrivé là ! Je ne sais même pas si je fais un bon commandant ! Sais-tu que je ne voulais pas de ce poste ? Oui, tu le sais, puisque c'est toi qui m'a poussé à accepter... Dire que tu voulais au début que j'ouvre un commerce et que je reste à l'écart de toutes les bagarres !
- Mouarf ! Jeune maître pas avoir voulu écouter Wolf. Jeune maître pas avoir voulu être prudent. Wolf adapter Wolf. Si jeune maître courir risque, jeune maître faire avec panache !
- Je lève ce verre à l'amitié. Donc à toi, mon bon Wolf, toi qui es mon ami, et au père qui était le tien.
- Verre amitié.