Dieu, Arès et les fanatiques

Arès contemplait le massacre de Vangrim. Les PiraTes ne changeraient donc jamais. Il n'avait pu voir les véritables intentions de ces derniers. Maintenant tout était clair. Dieu lui avait parlé. Cathedra a été purifiée à l'instant même où les PiraTes la souillaient.

Il n'y avait rien à sauver... Alors Arès laissa ses âmes égarées derrière lui et retourna à Cathedra la sainte. Mais il restait encore une épreuve à passer : retourner à Cathedra dans ce désert, alors même que la punition divine continuait de ravager son corps chaque heure un peu plus. Les pauses pour appliquer les soins découpait le temps aussi sûrement que la cathédrale de Cathedra.

Puis, un matin, les ruines de Cathedra lui apparurent. Dans un silence de mort, rythmé par le feulement des grains de sable emportés par le vent, Arès pénétra dans le sanctuaire. La première enceinte qui était avant un splendide rempart ressemblait plus à une vague de terre, figée à jamais. La grande porte n'était plus et la vision d'horreur s'imposa à Arès. Le fruit de ses péchés s'imposait à lui. Et il devait faire face, assumer et s'excuser auprès de son clan.

La grande avenue était noire de suie en apparence. Mais si on s'attardait, on remarquait des formes humaines figées dans le mur, tel un négatif de photo. Pour l'éternité. La gorge serrée, Arès touchait chaque empreinte et essayait de se souvenir qui vivait là. Son coeur se serra à l'approche de la place centrale où avant trônait la fontaine, source de vie. Désormais il n'y avait qu'un trou béant et le sable était devenu verre sur lequel était posée des ombres s'entremêlant et se tortillant, comme si elles essayaient de fuir à jamais.

Puis, il prit une profonde inspiration qui se transforma en râle et il pénétra dans ce qui fût les ruines de la cathédrale. Désormais il n'y avait nul banc, nul fidèle, même l'autel avait fondu. Et un bloc de pierre noire ressemblant à un visage semblait juger Arès. Arès écouta sa voix intérieure et s'avança vers ce qui fût l'autel. Il posa sa main dessu et il répéta ce que Dieu lui dicta.

Je jure de Te servir, ô mon Dieu. guide ma main, que je puisse guider mon peuple. L'espoir n'est pas mort. Je jure de te servir sans faillir et non pour ma propre puissance. Les PiraTes m'ont trompé, je serais désormais un guide omniscient car telle est ma pénitence, guider les vertueux. Nul ne me détournera désormais de Ton chemin car je ne verrais que Toi !

Sur ces paroles, Arès se crèva les yeux et laissa le sang et le liquide s'écouler sur l'autel. Puis il écouta Dieu pour toujours à ses côtés désormais.

Quelques jours plus tard, alors qu'Arès s'habituait à sa nouvelle condition, il entendit du bruit en ville. Les personnes revenait ici chercher l'espoir comme Dieu lui avait prédit. Arès devra désormais les guider...

Un bruit derrière lui. Un couteau que l'on sort. Arès se retourne calmement et accueille Démence et son acolyte en ces lieues. Les brebis égarées retrouvent toujours leur guide.

Nombre de messages : 49 Date d'inscription : 04/02/2007

Demence s'avanca, baissa son kheffieh, prenant soin de ne pas croiser le regard d'Ares. Dans les ruines de la Cathedrale, elle sentit son coeur battre, plus fort, plus vite, elle vivait l'image du divin, sentait dans tout son corps l'écrasante présence du lieu, a travers le lieu la présence même de Dieu; et dans la présence de Dieu, elle sentait que Celui qui se tenait devant elle, Celui qui s'était retourné a son avancée, était Son serviteur, qu'Il tenait dans ses main Son pouvoir, qu'Il était le Maître; car Il était Son serviteur...

Elle etait de loin plus petite que lui... Et pourtant dans son ame brulait une resolution sans commune mesure. Elle s'agenouilla devant lui, tirant sur la chaine de son frere pour qu'il s'agenouille également. Elle tenait son couteau en avant, en offrande.

"Je ne suis pas digne de vous parler, Maître. Guerissez mon frere, comme je sais que vous pouvez le faire. Et ma voix n'aura de cesse de Vous louer, je porterais au travers des flammes Votre nom, et je ne cesserai d'aplanir les chemins dans le désert en annoncant Votre venue. Et a travers la Votre, j'annoncerai également la Sienne."

Elle baissa la tête avec humilité.

"Maître, si vous le désirez, imposez les mains à mon frère, et guerrissez-le. Ou prenez ma vie comme offrande a Dieu, car je ne vis que pour le servir. "

Sa radio avait crachoté l'approche des Pirates . Les Pirates dans ce lieu saint? Sa vie entiere ne suffirait pas a les maudire. Elle vit en esprit les paroles antiques du Jyhad, et, auprès du Maître, eût l'illumination, comme la flamme de sainteté; elle Le servirai et abbatrai cette arme là ou bon Lui semblera, dans son coeur si Il lui demandait.

Arès s'approcha de Démence et passa à côté d'elle sans prendre la peine d'accepter son offrande. Puis il toucha du bout de ses doigts pansés la tête du roc enchainé.

Je ne peux soigner ton frère. Je ne suis pas un saint, encore moi Son fils. Seulement Son serviteur. Contemple mes péchés !

Là, Arès se retourna vers Démence en écartant les bras. Derrière lui se découpaient les ruines de Cathedra.

J'ai péché. En Son Nom, j'ai voulu plus de puissance afin d'assouvir une sombre vengeance contre un ami. Ce dernier est mort par ma faute. Dieu m'a puni de m'être égaré en détruisant ce qui faisait ma fierté : Cathedra ! Je ne suis que Son dévoué guide. Car c'est vous les saints, ceux qui Le serviront sans faillir. Pour mes péchés, je ne pourrais que vous guider, jamais accéder à Ses côtés. Telle est ma croix.

Puis Arès ouvrit les yeux. Ses yeux étaient bien là, où quelques jours plus tôt se tenait deux orbites vides.

Même ma contrition est éternelle.

Sur ce, Arès amena son index et son pouce devant ses yeux et les creva dans un bruit de succion. Puis sa radio crépita. Thor et ses troupes revenaient se gargariser de leurs exploits. Cathedra n'était plus que honte pour Arès. Et cette honte, il allait devoir en payer le prix chaque jour, luttant contre sa régénération naturelle...

Puis prenant Démence par les épaules, il commença son devoir de guide. Son guide.

Allons vers Vangrim. Peut être y'a t-il d'autres âmes égarées à guider. Et il n'y a nul honneur à mourir pour sauver cette ville de péchés. Venez.

Puis, sans pouvoir regarder une dernière fois Cathedra, Arès s'enveloppa de bandages et parti vers Vangrim.

Nombre de messages : 49 Date d'inscription : 04/02/2007

Ko'Vart'K ne se déroba pas sous la main d'Arès, mais il poussa un grondement sourd. Ce fut Demence qui retint un gémissement d'horreur en le voyant se crever les yeux. Elle écoutait, ne sachant que dire, jusqu'a ce qu'il la prenne par les épaules. Elle tira alors sur la chaîne de son frère , prit Arès par la main.

"Vous me guidez dans le désert de l'âme; laissez moi vous guider dans le désert physique."

Elle ne se tourna pas même vers Cathedra. Ni vers le nuage de poussière. Vangrim a l'Ouest...

Nombre de messages : 40 Date d'inscription : 25/01/2007

Gorm est le premier Pirate à arriver dans les ruines de Cathédra. Il regarde autour de lui et voit les trois fanatiques partir dans le désert. Il remarque aussi deux être insignifiants agonisants aux portes de la ville.

Grmph! Faut commencer à nettoyer, là!

Le roc achève les deux êtres.

Cela faisait maintenant quelques jours qu'ils marchaient dans le désert. Arès restait souvent seul devant en tant qu'éclaireur. Après tout, il était le Guide.

Chaque matin avait lieu désormais le même rituel. Arès se levait aux aurores et se crevait les yeux en silence. Puis il réveillait Démence qui se chargeait de Ko'Vart'K. Et ils profitaient de cette période de la journée clémente pour avancer rapidement. Arès les avertissait par la radio des pièges à éviter et des monstres errants.

Quand le soleil commençait à être haut dans le ciel, à cette période de la journée où la chaleur en devient suffocante, Arès proposait une halte à l'ombre d'une dune et il se soignait tandis que Démence calmait son frère.

Puis ils somnolaient pour récupérer un peu. Arès restait vigilant, se fiant à son ouïe qui se développait chaque jour un peu plus. Il ne pouvait pas encore voir les objets au son de la pluie mais bon c'était mieux que rien. Et puis, il pleut rarement à Orkembor.

Puis ils repartaient plein ouest, le soleil aveuglant dans les yeux. Souvent en fin de journée, Arès attendait Démence et son compagnon pour qu'ils puissent marcher dans son ombre, à l'abri de ce soleil mortel. Ils marchaient ainsi longtemps après que la nuit soit tombée, quand le désert garde encore un peu de cette chaleur diurne. Cette période était propice à la conversation. Arès parlait souvent de Cathedra du temps où elle était resplendissante.

Puis quand le manteau nocturne vint envelopper les brebis égarées de son glacial souffle, Arès proposait une halte pendant laquelle ils se restauraient et se reposaient. Arès confectionnait également des herbes apaisantes et autres onguents en fonction des plantes qu'il avait ramassé dans la journée. Puis il se les appliquait. Il devint ainsi chaque jour plus précis dans ces gestes. Plus tard, il pourrait aussi soigner ses compagnons. mais pour le moment, dormir était leur seul moment apaisant.

Chaque jour qui passait ressemblant à celui passé, à celui à passer. Sauf que vangrim était chaque jour plus près, et Cathedra chaque jour un peu plus loin.

Nombre de messages : 49 Date d'inscription : 04/02/2007

Demence marchait; elle avait l'impression que jamais la foule ne fut aussi dense dans le désert. Et sur leur chemin, elle pouvait réfléchir a la grandeur de Celui qu'elle suivait. Dans le désert, les regards se tournaient vers eux, et elle avancait crânement, son frèree sur ses talons, la tête haute, et elle écoutait. Elle imaginait Cathedra a l'époque de sa beauté, a l'époque où la "fontaine" faisait jaillir de "l'eau" , alors qu'elle devait tous les matins confectionner un piège a humiditré avec une couverture de survie et une bouteille d'eau...

Au loin Vangrim se dessinait. Et son frère demeurait étrangement silencieux, parfois il lui semblait presque devenir lucide, amis ses grognements enragés la détrompaient; elle l'avait surpris de nombreusees fois regarder daans la direction d'Ares avec une expression indéchiffrable... Et tous les matins, son sang dégoulnait, ses blessures se rouvraient et se refermaient;
il était arrivé a stabiliser presque ses blessures.

Arès grimpa une dune de sable avec l'assurance et la rapidité que l'on acquiert par une vie passée dans ce milieu désertique sablonneux. Une fois au sommet, il contempla Vangrim qui s'étendait à ses pieds.
Maintes et maintes fois pillées, et pourtant toujours là. Ici et là, Arès distinguait des membres de Second Eveil. Ennemis d'hier, alliés de demain ? Il aida Demence à franchir la dune et ils se dirigèrent vers la ville.
En chemin, Arès laissa échapper quelques mots.

Il va nous falloir dénicher les éventuels futurs saints, les futurs serviteurs divins... Tâche ô combien ingrate... M'aideras-Tu Seigneur ?

Arès pénétra en ville sans problème. Il était difficile de reconnaitre sous les croûtes et les plaies béantes celui qui avait dirigé d'une main de fer la Main Divine. Puis il se dirigea vers la taverne et commença à arranguer ceux qu'ils croisaient. Un prêche comme il en avait pas fait depuis longtemps. Sincère, envoutant... Serait ce suffisant ?

Dieu seul le sait... et c'est bien là le problème...