[BG] Seigneur Sun

Le soleil brûlant d’Orkembor allait bientôt se coucher derrière l’une des nombreuses dunes du désert qui recouvrait ce monde.
Le vent du soir se levait doucement, il allait, comme chaque nuit, changer entièrement le paysage, soulevant le sable des dunes et le reposant plus loin.
Il s’engouffra au milieu d’un campement de tentes, s’insinuant dans celles-ci sans que rien ni personne ne cherche à l’arrêter. Il effaçait petit à petit les traces du massacre qui s’était déroulé quelques heures plus tôt, recouvrant doucement les corps.
Il ne restait pas âme qui vive dans ce campement de nomades à part une frêle silhouette. Elle se tenait devant les cadavres d’un homme et d’une femme. Cette silhouette appartenait à un enfant âgé d’une dizaine d’années maximum. Il était maigre, petit pour son âge et vêtu de haillons.
L’enfant restait immobile, regardant les corps de ses parents mais ses yeux n’exprimaient aucune tristesse, simplement de l’indifférence.

« Tout est de votre faute, c’est à cause de votre faiblesse que je me retrouve seul. Vous n’étiez que des faibles sans aucune ambition, sans aucune envergure, des êtres insignifiants… faible… je hais ce mot qui vous décrit si bien. »

L’enfant tourna son regard vers le soleil.

« Voilà la puissance, le pouvoir, qui que l’on soit, nomade, petite frappe, homme sanguinaire, quel que soit le nombre d’hommes qui nous suivent, on baisse tous le regard devant lui. Il nous écrase de sa lumière et de sa chaleur. »

Un râle d’agonie se fit entendre plus loin, l’enfant tourna la tête vers l’importun qui avait osé interrompre son monologue. Un vieil homme bougea légèrement et se retourna sur le dos. Il commença à recracher le sable qu’il avait avalé.
L’enfant se dirigea vers lui, sur le chemin il vit quelque chose briller sur le sol. Il ramassa un revolver à moitié enfouit, sûrement qu’un des pillards l’avait laissé tomber en partant.
Il arriva près du vieil homme, le revolver à la main. Il s’agissait du chef du camp, on pouvait voir une entaille rouge de sang courir tout au long de son abdomen, ses entrailles ressortant un peu à un endroit. Il ouvrit difficilement les yeux et les tourna vers l’enfant.

« Tu es vivant ?… Ils t’ont épargné… »
« Non, j’ai du me cacher, je n’avais pas le choix puisque vous étiez incapable de les repousser. »

L’enfant en avait assez de ce vieillard inutile et commença à s’éloigner. Le vieil homme l’appela, de la détresse dans la voix.

« Ne me laisse pas ! Tu ne peux pas me laisser dans cet état ! »

Il vit avec soulagement l’enfant revenir sur ses pas et reposa sa tête sur le sable en fermant les yeux.

« Tu pourrais déjà me chercher un peu d’eau, je meurs de soif… et il doit y avoir une trousse de secours dans le coin. Peut-être qu’ils ne l’ont pas prise. »

N’entendant pas l’enfant bouger, il rouvrit les yeux et le vit toujours immobile à côté de lui, fixant le soleil. Il l’appela pour le faire réagir sans succès. C’est seulement quand il l’interpella par son nom qu’il reprit vie.
L’enfant baissa son regard vers lui et le vieil homme eut soudain un frisson lui parcourant tout le corps malgré la chaleur.
L’enfant leva son bras tenant l’arme et la pointa sur la tête de l’impudent.

« Ne m’appelle plus comme ça. »

Il tira, faisant exploser la tête de la dernière personne dans ce monde le rattachant à son ancienne vie. Puis, il regarda de nouveau le soleil.

« Dorénavant, mon nom est Sun. »